Tout groupe humain a une hiérarchie de statuts, si vous comprenez cela, vous pourrez comprendre la majorité des comportements humains. Cet article a été réalisé grâce à la lecture de [Status and Culture: How Our Desire for Social Rank Creates Taste, Identity, Art, Fashion, and Constant Change](https://amzn.to/4eNRRbO) et [The Status Game: On Human Life and How to Play It: On Social Position and How We Use it](https://amzn.to/3zCwLhM). ## Qu'est-ce que le statut ? Chaque groupe humain a une hiérarchie de statuts avec : - Les célèbres, puissants et estimés tout en haut. - La majorité des gens au milieu. - Les infortunés, les désavantagés et les mal aimés tout en bas. **Votre position dans les hiérarchies des différents groupes où vous évoluez définit votre littéralement la qualité de votre vie quotidienne**. Si vous êtes en haut, les gens vous seront agréables, vous obtiendrez des choses avec moins d'efforts... sinon, cela sera plus compliqué mais sachez que quoi qu'il arrive, plus vous avez un statut élevé, plus vous voudrez continuer de monter... Il n'y a pas de ligne d'arrivée. En cherchant du statut, les individus vont se concentrer sur des comportements (traditions, coutumes, mode, goût, art...) que nous appelons culture. Pourquoi s'inflige t'on cela ? [Thorstein Veblen](https://fr.wikipedia.org/wiki/Thorstein_Veblen) a par exemple écrit sur la consommation ostentatoire en expliquant que les riches achètent des choses chères pour révéler aux autres qu'ils peuvent acheter des choses chères. Mais c'est plus profond que cela, le statut forme nos aspirations et désirs, définit nos standards de beauté, défini nos identités, crée nos comportements collectifs et agit comme le moteur des changements culturels permanents. La culture, elle, est intégrée dans les produits, comportements, styles, valeurs, sensibilités qui font l'expérience humaine. Et c'est la quête de statuts qui guide la création, la production et la diffusion de la culture. Le statut n'est pas un jeu auquel vous choisissez de jouer, mais une force invisible qui impacte les comportements individuels et sociétaux. Nous pensons nos goûts et préférences comme des expressions personnelles alors que ce sont des réactions quasi mécaniques à notre position dans l'échelle sociale. ## Le statut et l'individu Il y a plusieurs choses à savoir pour comprendre le statut. **Première chose** : votre statut montre votre position dans une hiérarchie sociale et il est basé sur le respect et l'importance que les autres membres du groupe vous porte. **Deuxième chose** : votre statut vous donne des droits et des devoirs spécifiques. La majorité de la population a un statut normal ce qui lui donne droit à une courtoisie "de base", des privilèges normaux, mais aucun traitement de faveur. C'est pour cela que notre rang nous importe autant, il détermine les privilèges auxquels nous avons accès et en même temps, nous pouvons déterminer notre rang par les bénéfices en comparant nos privilèges avec ceux des autres. **Troisième chose** : votre statut vous est attribué par les membres du groupe, pas par vous. C'est un phénomène purement social qui se manifeste lors des interactions avec d'autres personnes. Vous pouvez bien sûr envoyer des signaux (belle voiture, œuvre d'art, vocabulaire...) mais votre statut n'est défini que par la façon dont les autres vont vous "classer". Et ce statut est toujours contextuel, basé sur comment nous sommes traité à un moment et à un endroit particulier : vous pouvez être la vedette de votre ville et un inconnu à Paris. Sorokin disait : "*Tout groupe social est toujours constitué de strates. Il n'existe pas de groupe social permanent qui est 'plat' et dans lequel chacun des membres est égal aux autres. Une société non stratifiée est un mythe*". Comme l'explique Cecilia L. Ridgeway les hiérarchies sont une invention humaine pour gérer les situations sociales, chaque groupe a des objectifs et il y a toujours des membres qui peuvent contribuer plus que d'autres. Leur capacité à tuer un lion ou à résoudre un problème mathématique fera que les autres leur donneront de l'estime. Ceci sert d'incitation à reproduire ces "exploits" pour le groupe et à en recevoir les bénéfices en contrepartie. **Dernière chose** : Tout individu qui demande ou obtient un statut sans répondre aux critères requis sera forcément haï. Si vous n'êtes pas riche, vous ne pouvez pas agir comme si vous l'étiez (et vice versa). ### Notre besoin fondamental de statut Avoir un statut élevé est un besoin humain fondamental. Un statut normal est une chose bien, mais accéder au bien être sur le long terme nécessite un statut plus élevé. L'estime des autres est la colonne vertébral des hiérarchies, cette estime peut se manifester simplement par de gentils compliments, des sourires, des poignées de mains chaleureuses ou des faveurs diverses. Cecilia L. Ridgeway explique que le fait "*d'être quelqu'un*" n'est pas lié à l'argent ou au pouvoir, mais au fait d'être vu par les autres comme étant une personne de valeur pour la communauté. Malheureusement, ce jeu de statut est un jeu à somme nulle. On ne peut être en haut que si d'autres sont en dessous, Dale Miler a montré que le manque de respect ressenti par ceux qui sont en bas est certainement l'une des sources les plus communes de colère. ### Les critères Gabril Trade a montré que dans les temps primitifs, les critères principaux étaient "*La force physique, l'habilité et la bravoure*", puis quelques siècles plus tard, c'est devenu "*La capacité à faire la guerre et l'éloquence*" et en ce moment, nous sommes plutôt sur "*l'esthétique, l'imagination, l'industrie, et le génie scientifique*". Aujourd'hui, les succès sont présents sous différentes formes de "capital" : - **Capital politique** : Accès au pouvoir tribal, être une autorité religieuse, ou gouverner. - **Capital lié à votre éducation** : Les diplômes et universités que vous avez fréquentées permettent de mesurer votre talent potentiel à prendre une position sociale importante. - **Capital lié à votre travail** : Le prestige associé à certains métiers (docteur, avocat, professeur...). - **Capital économique** : La fortune dont vous disposez qui est un des éléments les plus efficaces pour obtenir un statut. - **Capital social** : Le réseau de relations que vous entretenez avec les élites. En plus du capital, il y a les "vertus personnelles" : Intelligence, le physique, le charme, L'humour, l'intégrité... Qui vous permettent aussi d'être estimé. Tout individu qui demande ou obtient un statut sans répondre aux critères requis sera forcément haï. Un corollaire de cela est que chaque individu va chercher un statut plus élevé si cela ne lui fait pas courir le risque de perdre son statut actuel : si vous êtes un artiste, il vous sera difficile d'annoncer que vous prenez un poste de conseiller bancaire ! ### Les groupes de statuts. Les groupes de statuts se forment quand des personnes partagent des croyances de statuts à propos de certains critères. Ces croyances créent un sentiment de cohésion entre les membres et permettent d'exclure les autres, c'est ce qu'on trouve avec des mouvements comme les Goths, les geeks, les fans de star wars... Les membres de ces groupes voient la hiérarchie établie comme naturelle et donc légitime - la déférence envers les élites de ce groupe est automatique! Devenez incollable sur la trilogie starwars et vous serez accueilli à bras ouverts par les autres membres du groupe. Alors bien sûr, on existe tous dans un groupe dès sa naissance, mais rejoindre un groupe alternatif volontairement permet aux oppressés/non privilégiés de maximiser leur statut. Vous pouvez être détesté dans votre classe au lycée, mais adoré dans un groupe de joueurs Minecraft. Par contre, ce statut ne sera que local et valable à l'intérieur de ce nouveau groupe... Chaque groupe va bien sûr avoir comme objectif principal de "prospérer", Daniel Miller explique qu'il faut voir tout cela comme un combat continu de hiérarchies à l'intérieur de hiérarchies. Ce qui pousse à la mise en place de plusieurs logiques: - **Maximalisation du statut** : nous voulons un statut plus haut et nous avons peur d'un statut plus bas. - **Gain de statut** : nous pouvons modifier notre statut grâce à nos talents, nos contributions, nos possessions et nos vertus. - **Intégrité** : nous ne devons pas demander plus de statut que ce que nous méritons. - **Mobilité** : on peut choisir un autre groupe où nous pensons que ce que nous avons à apporter sera mieux valorisé. ## Conventions et statuts. ### La force des conventions. Nous avons vu comment les groupes offrent un statut élevé aux individus avec des talents rares, des capacités financières, des vertus... mais un des moyens les plus élémentaires pour obtenir un statut est de simplement suivre les normes d'un groupe ! En effet, Il existe toujours un ensemble de conventions arbitraires qui définissent ce qu'il faut faire comme boire de la Vodka avec des Russes. Cet arbitraire est un élément clé de l'expérience humaine. Nous pouvons boire, manger, nous habiller, danser, jouer... d'une manière infinie, mais nous ne le faisons pas. Nous suivons les conventions de notre groupe et à partir de là, ces conventions ne nous paraissent plus arbitraires, mais naturelles. Pour devenir une convention d'un groupe, il faut qu'une convention devienne une connaissance du groupe. Une fois internalisée, la convention devient une partie de l'identité et nous ne pouvons plus la changer sans changer notre identité. Pire que cela, notre façon d'observer le monde passera par le prisme de cette convention. Comme le disait Bourdieu, ce schéma de pensée fonctionne en dessous du niveau de conscience et du langage, en dessous de notre capacité d'introspection et ne peut être contrôlé par notre volonté. Les conventions sont donc les unités individuelles de la culture. Tout ce que nous appelons culture (traditions, coutumes, mode...) existent sous forme de conventions. ### Classement des conventions et valeur du statut. E.B White disait : "*Si vous regardez les publicités pour les premières voitures, vous pourriez penser que leur utilité première est de vous conduire vers un meilleur statut social*". En effet, la stratification détermine l'espace social dans lequel nous vivons, il définit ce que nous possédons/souhaitons posséder, notre façon de parler, notre travail, nos vêtements, notre coiffure, notre lieu d'habitation et même si vous passez la tondeuse ou si vous payez quelqu'un pour le faire. **Votre style de vie est à la fois une nécessité liée à votre rang social et une expression de celui-ci. Toutes les conventions ne se valent pas, une Cadillac n'est pas une Chevrolet. Et chaque convention peut être positionnée sur deux hiérarchies : - La position entre les groupes dans la hiérarchie globale : le fait d'aller à l'aéroport pour prendre l'avion vous place dans un groupe particulier. - La position à l'intérieur un groupe social particulier : le fait d'avoir accès au salon VIP dans un aéroport vous place dans la partie supérieure du sous groupe de ceux qui prennent l'avion. Au fur et à mesure que vous montez dans la hiérarchie, vous devez adopter des conventions portées par des gens ayant un statut plus élevé. Thorstein Veblen disait que ne pas consommer en quantité et qualité requises était une marque d'infériorité et de démérite. Tout ceci nous pousse donc à imiter nos pairs, mais aussi à nous distinguer des comportements des statuts inférieurs ou rivaux. Cette imitation crée des ponts vers les gens qui ont un statut plus élevé et des barrières avec ceux qui ont un statut plus bas. Les sociétés occidentales ont rajouté un critère de statut : *l'originalité*. Les plus hauts status ont désormais la possibilité de réaliser certains actes non conventionnels sans perdre leur statut. Mais la pression du statut ordonne à chaque individu des demandes contradictoires : - Conformerez-vous aux normes de votre groupe pour conforter votre statut actuel. - Contre-imitez les rivaux pour éviter de perdre votre statut. - Imitez les gens ayant un statut plus élevé, mais sans en faire trop, sinon, vous passerez pour un imposteur. - Soyez unique, mais pas trop ! **Vous devez donc au final naviguer entre pure individualité et conformité totale.** ## Signalement et symbole de statut. Le terme "*signaling*" est utilisé à la fois en économie et en biologie pour décrire le fait qu'un individu communique ses qualités à travers des informations dans le but d'être sélectionné par l'autre partie. Par exemple, pour se faire recruter, une personne va indiquer l'école dans laquelle il est allé, ou pour se faire bien voir, un adolescent va citer comme musique préférée, celle d'un artiste underground et pointu. Le "signalement" est essentiel au processus d'acquisition d'un statut. Hugh Dalziel Duncan disait : **"Le statut est une demande, le statut n'est jamais pris, il est donné"**. On doit vérifier le statut d'un étranger pour le traiter correctement et ce n'est qu'une fois que son statut est vérifié qu'une personne peut jouir des bénéfices associés. Concrètement, nous revendiquons un statut auprès des autres en envoyant certains signaux, les autres évaluent ensuite votre statut en interprétant ces signaux. L'université de Princeton a montré qu'on juge le niveau de richesse d'une personne en moins de 130 ms, et comme disait Coco Chanel "*Si vous voulez faire des affaires, vous devez avoir l'air riche*". Mais attention, vous ne pouvez pas réclamer un statut, comme le disait Jon Elster : "*Rien n'est moins impressionnant qu'un comportement fait pour impressionner*". Plus vous avez un statut élevé, plus vous devez avoir une réputation assez forte pour ne pas avoir à faire de signalement de manière agressive. C'est le principe du détachement : "*Les revendications de status les plus puissantes ne doivent jamais avoir l'air d'en être*", on se contente d'indices, parfois simplement avec notre "comportement" (étiquette, vêtements, gestuelle, intonation, vocabulaire...). Ceux qui ont un statut avantageux peuvent généralement signaler leur statu de manière subtile, alors que ceux qui ont un statut moins avantageux doivent le signaler de manière plus évidente afin de contrecarrer les indices involontaires qu'ils laissent. Simone de Beauvoir pensait que les femmes s'habillaient plus que les hommes, car eux pouvaient utiliser leur travail pour obtenir un statut. En plus des signaux et des indices, la troisième catégorie d'information utilisée pour évaluer le statut est "les absences significatives". Si vous êtes dans les affaires, l'absence de cravate dit quelque chose de vous! ### Les symboles de statut. Un symbole est un terme technique qui définit un signe qui nécessite une connaissance préexistante pour être interprétée. Les voitures, les maisons, les vêtements, les bijoux, les montres, les sacs à main, les chaussures, les téléphones sont aujourd'hui les symboles de status les plus efficaces. Un sac Hermès a carrément la possibilité de diffuser votre statut dans la rue juste en passant à côté des gens! Comme la règle est que nous ne devons pas nous vanter pour obtenir un statut, les objets de statuts les plus efficaces sont ceux qui ont une réelle utilité. La fille de Beyonce et Jay-Z porte un sac Vuitton, car elle a besoin de transporter des livres. Le principe de détachement, encore lui, requiert des alibis pour justifier la possession de quelque chose sans que cela apparaisse comme une revendication de statut. Alors comment choisissons-nous quels symboles de statut utiliser? Nous brandissons des symboles associés au groupe de statut le plus haut possible. En effet, selon le principe d'associativité d'Adam Smith, quand deux choses sont vues fréquemment ensemble, elles deviennent associées dans notre esprit. Par exemple, les montres suisses sont associées à la précision, les voitures allemandes à la qualité, les vêtements italiens à la mode... On appelle cela le "cachet". Le cachet est souvent associé au cool, rien ne peut être cool si ce n'est pas associé à un groupe particulier d'individus avec un haut statut (musiciens, acteurs, sportifs, ados populaires...). Pour maintenir un certain cachet, les symboles de statut doivent être exclusifs à un groupe ayant un haut statut. Tout le monde boit de l'eau, mais pas tout le monde boit de l'eau de source. On appelle cela en économie des "coûts de signalement", ce sont des barrières qui empêchent l'imitation. Il existe cinq coûts de signalement : - **Le coût financier** : Les symboles coûtent cher ! monter à cheval ou posséder une montre suisse n'est pas donné à tout le monde. - **Le temps** : Un doctorat signale une expérience qui a pris des années à acquérir et la validation par des pairs. - **L'accès exclusif** : Tout simplement l'accès à des événements privés, des clubs, des écoles... - **Le capital culturel** : La connaissance de conventions obtenue après avoir passé des gens ayant un haut statut. - **Le non respect de norme** : Si vous avez un haut statut, vous pouvez briser certaines règles pour avoir l'air cool. Les nouveaux riches vont par exemple se concentrer sur les coûts financiers, les sous cultures vont se concentrer sur l'accès exclusif ou le capital culturel. Mais ce n'est pas si simple, par exemple, dans un monde avec de plus en plus de millionnaires, il a fallu ériger de nouvelles barrières. Le sac Hermès Birkin est un bon exemple, il est vendu seulement à certaines personnes sélectionnées par les équipes de la marque ! Dans les années 70, les sacs Vuitton ont très bien fonctionné au Japon, car le seul moyen d'en obtenir était d'avoir voyagé en France. ## Goût, authenticité, et identité. ### Le goût La définition de donnée par Kant du goût est "la faculté d''estimer la beauté". Le goût implique un choix et ces choix se font toujours dans le contexte d'un statut. Notre appartenance à un groupe tord nos préférences pour rendre certains objets ou conventions plus attractive que d'autres. Le goût est, avant tout, une façon de savoir si un étranger est "*l'un des nôtres*". Vous pouvez ne pas aimer une personne puis changer d'avis quand vous découvrez qu'elle aime les mêmes films ou équipes de sport que vous. Bourdieu disait du goût que c'était une force qui rapproche les choses et les gens. Avoir un du goût nous qualifie pour un statut "normal", avoir "bon ou très bon goût" nous qualifie pour le niveau au dessus et avoir très bon goût nécessite une connaissance profonde des différents choix possibles (comme pour le vin). Ces connaissances ne sont toutes fois pas suffisantes pour grimper l'échelle, il faut aussi s'ajuster en permanence avec la sensibilité visée. Chaque jour, il faut faire les bons choix en terme de nourriture, d'automobile ou de meubles : les choses doivent aller ensemble! Enfin il faudra preuve d'une "originalité bornée", vous devez être "un peu" unique et transgressif de temps en temps, pas besoin de quelque chose d'extraordinaire, juste de quoi surprendre votre communauté. ### L'authenticité. Les choses doivent être ce qu'elles sont, elles doivent être "vraies" et doivent confirmer nos attentes, ne pas nous décevoir. Kant expliquait que le champs d'un oiseau ne pourra être considéré comme beau si l'on se rend compte que c'est un humain qui fait une imitation. Les personnes aussi doivent être authentiques, on doit pouvoir découvrir et comprendre l'originalité de l'autre, généralement on s'attend à de la simplicité, du naturel et l'absence d'effets factices ce qui nous permet de leur faire confiance et de croire en eux. Globalement, nous adorons ceux qui semblent suivre leurs propres désires et nous détestons ceux qui semblent suivre les directives des autres (d'où le mépris des élites pour les modes). Mais dans un monde où tout s'achète, pour être jugé authentique, nous devons fournir des informations validant la provenance de notre goût, il faut une histoire cohérente. Vous ne pouvez pas offrir une bouteille de vin hors de prix si vous n'êtes pas capable d'expliquer votre choix et vous ne pouvez pas faire de rap si vous êtes blanc et que vous avez grandi dans un quartier bourgeois. Tout ceci nous amène au paradoxe de l'authenticité : nous sommes supposés suivre notre voix intérieure et pourtant, ce sont les autres qui jugeront notre authenticité en comparant notre goût avec notre "profil". Les "pink ladies" dans Grease n'accepteront pas une recrue simplement parce qu'elle est habillée comme attendue. L'authenticité la plus puissante reste l'origine : le scotch doit être fait en écosse et le bourbon dans le Kentucky! ### L'identité. Quand on se pose la question "qui suis-je ?", trois différentes choses sont à prendre en compte : Persona, Identité et soi. En "signalant", nous construisons notre persona, un ensemble de signaux, goûts, caractéristiques et indices, qui permettent aux autres de déterminer notre identité. Reste le soi, dans notre esprit, qui n'est connu que de nous. Peu importe nos préférences personnelles, au final, nous imitons les pratiques arbitraires de notre "communauté" et ignorons volontairement les autres pour acquérir la validation des nôtres. Pour grimper à l'échelle, on en vient à avoir les mêmes objectifs comme devenir riche, savoir danser, être sportif ou vertueux.. Pour la plupart des gens, cela revient à se positionner dans une communauté à laquelle il aspire "Je suis gothique", "je suis entrepreneur", "je suis marathonien"... Rappelons qu'être "unique" et avoir une identité forte est plus facile pour ceux qui sont bien nés ou qui sont en haut de l'échelle. C'est pour cela que dire aux gens "soyez vous même" est quelque chose d'assez injuste car tout le monde n'est pas né avec les mêmes privilèges, vous n'êtes pas responsable du niveau de vocabulaire que vous avez entendu dans votre enfance. Avant d'être eux même, ceux avec un statut faible doivent déjà commencer par grimper un peu, voir beaucoup, à l'échelle! Mais pourquoi fait on tout cela ? tout simplement parce que pour interagir correctement avec des étrangers, nous devons connaître leur statut et nous devons donc classer les gens avec les éléments qu'ils nous renvoient. Nous ne sommes pas inquiet pour notre identité mais pour notre valeur. Et pourtant, tout cela reste "caché", personne ne parle jamais de sa recherche de statut car cela serait honteux mais connaître les règles de ce terrible jeu auquel nous jouons tous permet au moins de le rendre un peu plus équitable... et un peu moins dur. Cela permet de relativiser au moins un peu. Pour rechercher un statut plus élevé, nous choisissons généralement une de ses quatre stratégies : - **Faire mieux** : faire de grandes études, avoir un bon travail, gagner de l'argent et signaler tout ça ! - **Prétendre avoir un statut élevé** : envoyer des signaux qui ne correspondent pas à notre groupe ce qui marche généralement quand on a plus d'ambition que de talent. - **Changer le critère de statut en votre faveur** : les artistes, les philosophes ou les poètes ont réussi à déplacer le focus de la société vers d'autres attributs comme la créativité. - **Former un nouveau groupe de statut** : vous pouvez quitter un groupe où vous avez un bas statut pour en chercher un où vous serez mieux jugé. Quittez le groupe des footeux pour rejoindre le groupe des adeptes de Fortnite, mais n'oubliez pas qu'il existe aussi des hiérarchies entre groupes. ## Classes et sensibilités Qu'est-ce qu'une classe ? Les gens appartenant à une classe partagent un ensemble de conventions inconscientes qui font qu'ils partagent les mêmes croyances, styles de vies et goût. On peut dresser une première liste : | Classe | Capital économique | Capital culturel | | ------------------- | ------------------ | ---------------- | | Nouveau riche | très élevé | Bas | | Vieille fortune | élevé | élevé | | Professionnels | modéré | modéré | | Ceux qui n'ont rien | bas | bas | ### Les nouveaux riches L'industrie du disque permet, légalement, à des artistes de devenir de nouveaux riches quasiment du jour au lendemain. Généralement, une fois qu'ils en ont les moyens, la façon la plus simple de monter l'échelle pour eux est d'utiliser l'argent pour acquérir des biens représentant des symboles de statut ([cf Nas, Kanye West & Jacob](https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Arabo). Ceci n'est pas un hasard s'ils font tous la même chose. En effet, la consommation ostentatoire est un langage universel, c'est l'évidence de la richesse, aucun besoin de capital culturel pour lire ses codes. N'importe qui sur cette planète peut voir que Beyonce est riche. Une autre façon est de montrer sa richesse est de montrer à quel point l'on peut la gaspiller comme quand Johnny Depp déclare "il est insultant de dire que je dépense 30 000$ par mois en vin, je dépense beaucoup plus!". On peut aussi gaspiller son temps, alors que certains doivent apprendre à l'université des choses utiles pour avoir un travail, d'autres peuvent apprendre le Grec ancien. Il subsiste deux points faibles pour les nouveaux riches : - La consommation ostentatoire viole le principe de détachement. - La consommation ostentatoire est elle même associée au statut de nouveau riche qui est devenu péjoratif contrairement au groupe "vieille fortune". ### Les vieilles fortunes Alors que les nouveaux riches cherchent la dernière mode avec les choses les plus clinquantes, les vieilles fortunes recherchent des choses modestes, anciennes et "silencieuses". On cherche à apparaître "nonchalant, désinvolte, insouciant, sans effort, naturel" comme le prince Charles le montre en portant toujours de vieux vêtements. Nous l'avons vu, les nouveaux riches se signalent avec du capital économique, les vieilles fortunes ont l'avantage que leur statut est ancien et ils peuvent donc démontrer leur importance grâce à leur capital social (les familles se connaissent depuis longtemps) et leur capital culturel (ils savent comment l'on doit se comporter dans la haute société). Forcément, ils détestent les nouveaux riches, leur goût et le challenge qu'ils représentent à la hiérarchie dont ils bénéficient. Pour ne pas avoir à les combattre, ils refusent de s'engager dans une démonstration de leur richesse, c'est pour cela qu'ils font autant preuve de modestie et de détachement, c'est ce que l'on appelle envoyer des contre signaux. Leur autre arme est de ne vouloir recevoir de statut que des autres vieilles fortunes et de personne d'autre. C'est pour cela qu'ils vont par exemple préféré une vieille montre très ancienne et pas forcément clinquante que l'argent ne peut acheter à une très belle montre récente que n'importe quel nouveau riche pourrait acquérir. L'anthropologiste Grant McCracken définit cette façon de se concentrer sur le temps comme étant la "patine", est une preuve visuelle de la durée de possession. La simplicité n'est pas une préférence mais juste une stratégie de contre signal. ### Les professionnels Cela regroupe les professions d'avocats, de médecins, de banquiers... Ils ont réussi à construire un mélange de capitaux économiques, culturels et sociaux mais : - Ils sont loin d'être aussi riches que les nouveaux riches. - Leur capital culturel a du être acquis plutôt que transférés par leur parents. - Leur relations se sont faites à l'école et surtout à l'université. Le signal qui a le plus de valeur est leur possession de connaissances privilégiées. Ils font très attention à leurs choix de consommation car l'augmentation de leur capital culturel peut les amener plus loin que leurs chances de devenir très riches, ils sont donc en compétition sur le goût car cela leur permet d'impressionner les vieilles fortunes et d’embarrasser les nouveaux riches. Par exemple, les Volvo sont devenus leurs voitures préférées car elles ont l'esthétique des vieilles fortunes (fonctionnel, modeste, importé) et ne sont pas choisi par les nouveaux riches, ni par les classes "inférieures". Les professionnels comptent sur les médias et les marques haut de gamme pour leur dire ce qui doit être acheté et avec quoi cela doit être assorti. Ces informations doivent avoir comme objectif de maximiser les joies de la vie : revues de film, retraites yoga, magazine sur la décoration. Cette classe a néanmoins été découpée en deux : - Ceux qui travaillent dans la banque, le management, la médecine, la loi... qui vont plus avoir tendance à la consommation ostentatoire. - Ceux qui sont plus créatifs, designers, photographes, journalistes, décorateurs d'intérieur... qui vont préférer utiliser la culture pour faire du signalement (et de toutes façons, leur carrière dépend de cela). Comme le disait Hellman, "les écrivains sont plus à la recherche d'attention que de dollars". ### Ceux qui n'ont rien Thorstein Veblen disait "il n'existe aucune classe, même parmi les plus pauvres, qui puisse ignorer la consommation ostentatoire" car c'est la façon la plus "facile" de grimper pour les communautés pauvres. Par exemple, à revenus égaux, les afro américains et les hispaniques dépensent 30% de plus que les blancs dans les biens visibles (vêtements, chaussures...). La stratégie consiste donc à prétendre avoir un haut statut en copiant ce qu'ont les nouveaux riches. Après tout, un sac Gucci est un sac Gucci peu importe combien l'on a sur son compte en banque. ## L'art Peu de gens le savent mais Henri Rousseau, aussi appelé "Le Douanier Rousseau" a longtemps été victime de l'incompréhension et des sarcasmes de la critique et de ses contemporains qui le considéraient comme un "peintre du dimanche". Willy, le mari de Colette, écrivait : "Monsieur Rousseau, je le crois, peint avec ses pieds, les yeux fermés !" Un jour de 1908, Pablo Picasso tombe sur une des toiles dans un magasin, il change alors d'avis et décide donner un banquet au Bateau-Lavoir en son honneur. Sont présents, entre autres, Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin et André Salmon. A ce moment très précis, toute le monde en Europe s'est mis à apprécié le travail du Douanier Rousseau et celui-ci, à 64 ans, avait enfin atteint son objectif : il était considéré comme un artiste. Artiste n'est pas une occupation ou un métier, c'est un **titre honorifique**. La position d'un artiste dans nos sociétés ressemble à celle d'un prêtre ou d'un sorcier - un génie visionnaire avec un individualisme extravagant capable de réaliser le "processus magique" de la création. Henri Bergson disait que leur fonction est de "*voir et nous faire voir ce que nous n'arrivons pas à voir naturellement*". Les artistes réalisent ceci en jouant avec les conventions les plus profondes de notre cerveau — en exposant nos présupposés culturels, en soulignant les contradictions dans nos coutumes, en créant de nouveaux symboles et en élargissant la signification des anciens symboles. La raison pour laquelle ils sont plus admirés que les chirurgiens, les chefs cuisiniers, les bienfaiteurs est qu'ils pratiquent une sorcellerie mentale en proposant des idées radicales qui peuvent changer notre vision du monde. Selon Hannah Arendt, ils sont les derniers individus dans une société de masse. Selon la définition de Kant, ils y a trois critères : - La création de chose réellement originales. - Qui sont imités avec le temps. - Qui semblent être créé mystérieusement, avec une méthode inimitable. En combinant ces vertus (originalité, influence, authenticité et détachement), avec une audience qui l'estime plus l'argent d'un succès commercial, ces artistes peuvent atteindre un des status les plus élevés qui soit. Mais à moins que la société ne donne à un créateur le statut d'artiste, son travail ne recevra jamais de réel considération, ou évaluation. ### La valeur artistique Durant toute sa vie, Edna HIbel a été félicitée pour ses peintures et lithographies. A 23 ans, le musée des arts de Boston lui a même acheté un de ses tableaux. Son travail a été présenté en URSS, à la reine d'Angleterre et le pape lui a même remis une médaille. Mais au moment précis où j'écris cet article, elle n'a toujours pas de page Wikipedia et vous ne la trouverez dans aucun livre sur l'histoire de l'art. Elle n'a jamais atteint le statut d'artiste parce que pour être un artiste, il faut créer de l'art. Mais qu'est ce que l'art ? Aucune définition exacte ne semble possible, il faut plutôt se demander pourquoi certaines personnes considèrent certaines choses comme de l'art et, de par ce fait, octroie le statut d'artiste à une personne. Cela donne deux définitions : - La définition institutionnelle : l'art est ce que le monde de l'art définit comme art. Un urinoir n'est de l'art que s'il se trouve au musée Tate. - La définition narrative : l'art est ce qui rentre dans le narratif de l'art. Les urnes grecs sont de l'art car elles font parties des moments phares de l'histoire. Dans les deux cas, les créateurs reçoivent le statut d'artiste d'institutions et d’individus prestigieux (propriétaires de galerie d'art, critiques, artistes, historiens...). Le moyen le plus simple pour devenir artiste est donc de se faire apprécier de ces gens qui sont les gardiens du monde de l'art ! (sinon, vous avez la reconnaissance posthume mais dans tous les cas, rien ne sert de chercher l'approbation du commun des mortels). La valeur artistique mesure l’originalité de l'invention de l'artiste, à quelle point cela brise les conventions et en suggère de nouvelles. Baudelaire disait que la tâche principale du génie était de créer de nouveaux stéréotypes. La définition de John Graham est très intéressante : "*Un travail d'art est un problème posé et résolu*". La peinture, par exemple, a longtemps eu pour but de reproduire le monde mais avec l'arrivée de la photographie ce problème a été résolu ce qui a poussé des artistes comme Picasso à se poser la question de la représentation des trois dimensions sur un canevas. Edna Hibel avait une incroyable dextérité mais elle n'a rien résolue. ## Les cycles de la mode Tous les changements culturels ne sont au final que des groupes d'individus abandonnant une convention pour une autre et l'utilisation de technologies et de produits ne sont que des signaux. Une planche de surf est une symbole de statut et ne sera jamais une simple planche. Les changements de "mode" sont tous liés à la recherche de statut : les nouveaux mots, les nouvelles polices de caractères, la façon de prendre son café, les couleurs... n'offrent quasiment aucun avantage concret. Nos cœurs ne dessinent pas de ligne clair entre fonctionnalité, plaisir et recherche de statut. Les individus font des changements à cause des interactions qu'ils ont. Tout d'abord, ils considèrent comment, quand et de qui ils reçoivent ces nouveaux signaux. Puis considèrent les incertitudes et surtout comment leur changement va être perçu dans leur communauté. Les changements présentent toujours un risque et sont rarement accueillis avec enthousiasme, la réponse de la majorité est généralement "le choc, l'incompréhension, la moquerie et/ou le dégoût". L'acceptation du changement par la majorité se fait quand la majorité pensera que ma nouvelle chose ne sera pas un danger pour son statut. Où le cycle de la mode commence ? avec les individus ayant les status les plus élevés ! ### L'exclusivité des hauts status L'individu "supérieur" est celui qui est copié par tous mais ne semble copier personne, il doit être un faiseur de goût, pas un suiveur. Les élites ont besoin d'avoir des comportements exclusifs et avoir le privilège de le faire, c'est une façon de monter dans l'échelle des status. George Sand se promenait en pantalon à Paris alors que cela était interdit. Cette demande en biens "exclusifs" des élites comme étant "l'effet snob" : la recherche d'exclusivité par des individus par l'achat de nourriture, vêtements, automobiles, maisons... qui les sépareront clairement de la masse. C'est aussi ce qui prédispose à voir ces élites juger, par exemple, un artiste inversement à la renommée de celui-ci. Etant donné que ces élites, en général, ne produisent pas elles mêmes ce qu'elles désirent, elles recherchent trois catégories de choses : - **Rareté** : ce sont des objets difficiles à acquérir, soit des antiquités rares (pour les vieilles fortunes) soit des choses coûtant horriblement cher (pour les nouveaux riches). - **Nouveautés** : les raretés étant chers, les élites moins fortunées vont plus rechercher la nouveauté (Nouvelles modes, nouveaux artistes, films indépendants...). La classe créative notamment va adopter des choses incomprises (art étrange, style inhabituel...). - **Innovations technologiques** : L'Iphone est un exemple, il est un objet de signalement de statut qui permet de se différencier de ceux qui ont de "simples" Android. Mais toutes ces choses ne permettront plus de signaler/obtenir un statut une fois qu'elles seront adoptées par la majorité de la population. Le bronzage fut longtemps associé aux paysans qui travaillaient dehors jusqu'à ce que les travailleurs européens se déplacent dans les usines. Coco Chanel a redéfini alors le bronzage comme étant le signe de temps passé "à bronzer", certainement au bord de la méditerranée. ### Les médias de masse. Les conventions des élites restent exclusives jusqu'à ce que les médias diffusent cette connaissance aux personnes ayant un statut inférieur. Des magazines comme The New Yorker ou Vogue ont clairement cette fonction de fournir des guides à la classe moyenne sur comment rester "à la page". En indiquant quelles nouvelles conventions ont un réel "cachet", ces médias déclenchent une émulation chez leurs lecteurs (les classes professionnelles et créatives). Ce sont des outils de transformation. Ils ont au final quatre fonctions : - Sélectionner les meilleurs conventions. - Les diffuser à une large audience. - Expliquer pourquoi les individus doivent l'adopter. (c'est à aussi là que sont donnés les noms comme "punk", "techno"....) - Evaluer la qualité. ### Émulation. Pour qu'une mode se propage à toute la société, ce qui compte, c'est le timing. Les élites adoptent en premier puis viennent les autres, ils ne font pas des choix différentes, ils les font juste plus vite. Quand les early adopters se mettent à émuler les élites, les élites abandonnent très rapidement ! Quand Perrier est devenu trop commun, les jet setters se sont jetés sur la Badoit. Comme le disait Glenn O'Brien disait : "*Le snobisme est une course, l'objectif est d'y être en premier et de partir en premier*". ### Production de masse. La notion de statut explique pourquoi les industriels, dans leur grande majorité, copient au lieu d'essayer de nouvelles conventions. Il suffit de voir ce que les médias poussent, ce que les early adopters émulent, pour choisir quoi produire et vendre. Si des cupcakes stylés et chers se vendent bien, c'est plutôt une bonne idée d'ouvrir un magasin concurrent. C'est aussi là qu'intervient la publicité qui a pour but d'utiliser une imagerie et un langage qui va insuffler au bien vendu une valeur de statut. L'effet de la commercialisation est assez conservateur au final : enlever les idées radicales et fournir à une audience de masse une version simplifiée présentée comme équivalente à l'originale. ## Et Internet ? L'internet est devenu le premier lieu où nous interagissons avec les autres et où nous créons notre personna. Le signalement de vertu se produit désormais 24h/24 et 7j/7 et vous pouvez même espérer une audience mondiale à des coûts dérisoires ! Les réseaux sociaux nous permette de quantifier notre statut comme jamais auparavant (likes, retweets, followers....) et pour ceux qui réussissent : produits gratuits, revenus publicitaires et opportunités! L'internet a aussi réduit deux barrières d'entrées au signalement de valeur : - La barrière de l'information : désormais, n'importe qui peut savoir beaucoup de choses sur n'importe quel sujet. - La barrière à l'acquisition : on peut tout acheter, même des antiquités ou des biens rares, en seulement quelque clics. Et l'internet, c'est aussi une explosion des contenus et des biens. Avant l'internet, les capacités de diffusion limitaient de beaucoup le nombre d'artistes qui pouvait être connus, désormais n'importe qui peut publier sur des plateformes comme Spotify et viser le monde! Pour finir, Internet, c'est aussi une rapidité folle, les élites ont à peine le temps d'adopter une nouvelle innovation qu'en quelques semaines, elle peut devenir un objet de consommation de masse. Ce qui est un peu triste, c'est que le capital culturel est moins intéressant dans un monde où l'information est gratuite et cela augmente la valeur relative du capital économique. ## Conclusion Le besoin fondamental de statut offre la meilleure des explications aux comportements des humains. Cette influence qui impacte tous nos choix individuels challenge jusqu'au principe de libre arbitre. Vous ne pouvez pas ne pas jouer à ce jeu mais si vous savez qu'il existe et que vous connaissez son fonctionnement, vous pouvez apprendre à reconnaître les situations, à les dédramatiser, et voir que certaines choses que vous voulez n'ont pas plus de valeurs que les ignames géantes qui sont si importantes dans certaines tribus de guinée. Simplement savoir que vous jouez à ce jeu peut vous apporter une certaine sagesse. Par exemple, si comme moi vous approchez des 50 ans, inutile d'aller chercher un statut de jeune, cela ne sert à rien, l'idée est plutôt d'aller chercher de nouveaux et meilleurs status à gagner dans d'autres groupes :)